Effets d'une irradiation quotidienne

Bonjour,

Suite à la maladie d'un proche, traitée par iode radioactif, je me pose pas mal de questions.

Peut-on être irradié sans le savoir ?
Dans le cas d'une exposition quotidienne, même à faibles doses, quels seraient les symptômes ?

Merci pour vos réponse

CatherinaC

Bonjour,

La radioactivité a toujours existée. Nous sommes donc tous confrontés à une exposition naturelle : radon 222, cosmique, K40... et nous sommes nous même radioactif. Il faut dédramatiser l'emploi de ce terme: tout est question de dose/seuil.
On parle d'effet stochastique (aléatoire) des rayonnements ionisants pour ce type d'exposition. Pas de dose seuil d'apparition des effets, effets tardifs, probabilité augmente avec la dose reçue... on parle d'une relation linéaire sans seuil définie par la CIPR.

Bonsoir Benjamin14,

Merci pour ta réponse détaillée.

Mon interrogation part de suppositions :

Par exemple un vêtement contaminé par une substance radioactive. Brûlure ? Effets plus tardifs ?

En gros, si on est irradié à fortes doses, on aura forcément des symptômes caractéristiques ?

La maladie dont je parle est un cancer de la thyroïde, on lit beaucoup de chose et notamment qu'une contamination radioactive peut en être la cause.

Donc forcément cela fait peur et quand on cherche sur le net on trouve tout et dur de faire le tri et de ne pas tomber dans l'angoisse.

La radioactivité de l'iode 131 décroit très rapidement : 8 jours de demi-vie. Cela veut dire que tous les 8 jours la radioactivité est divisée par 2. Au bout de 80 jours soit 10 demi-vies, la radioactivité est divisée par 2^10 = 1024. Cela veut dire qu'après 11 semaines il n'y aura plus d'exposition externe significative (d'autant plus qu'une bonne partie de l'iode aura été éliminée par les voies naturelles). En suivant les recommandations des médecins l'exposition des proches du malade traité reste faible sur l'année par rapport à toutes les autres sources d'exposition ordinaires (uranium naturel, radon, potassium 40, voyages en avion...).

Une brochure sur le sujet :
https://www.gustaveroussy.fr/sites/default/files/thyroide-traitement-iode-2013_0.pdf

Nous distribuons des consignes de radioprotection à l'entourage du patient. Votre proche a été hospitalisé durant 3jours pour éviter l'irradiation de son entourage. Par exemple, on récupère les urines dans des cuves de décroissance pour éviter de contaminer l'environnement...
Nous faisons également une mesure de débit de dose à la fin de l'hospitalisation pour s'assurer que le patient a fortement éliminé l'131I

Par curiosité quel est le seuil de débit de dose utilisé pour dire si le patient peut sortir ? Il me semble qu'en Suisse c'est 4 µSv/h à 1m de distance ?

Pas de réglementation à ce sujet. Chaque centre choisit sa valeur...

Bonsoir,

Merci à tous pour vos réponses et à Honnetehomme pour le lien.

Oui je me souviens qu'on avait eu des recommandations, surtout que j'étais enceinte.

Mais ma recherche porte sur la cause. Clairement on parle de cause radioactive, qui va se fixer sur la thyroïde et provoquer un cancer. Mais cela dépends de la dose ? Si c'est le cas, il n'y a pas de symptômes d'irradiation immédiats ? Du coup je me dis que n'importe qui peut être exposé et développer un cancer ? Elle est née en 1986, il y aurait un lien possible avec Tchernobyl ?

Autre question : un contact cutané avec une substance radioactive provoque des brûlures ?

Je crois que je me pose trop de questions mais comme tous ceux touchés de près ou de loin par la maladie, on veut comprendre.

Il est impossible de dire si un cancer est radio-induit (causé par les radiations) ou si la cause est à chercher ailleurs. Il y a bien eu une hausse des cancers thyroidiens suite à Chernobyl, mais elle a concerné les gens vivant dans les territoires proches de la catastrophe, en Ukraine, Bielorussie et Russie. En France, même si on ne peut exclure un cancer thyroidien lié à Chernobyl, les probabilités sont très faibles par rapport aux autres causes. La page 8 (chapitre 1.6) de cette étude pourra vous éclairer : http://opac.invs.sante.fr/doc_num.php?explnum_id=7044

Un contact cutané avec une substance peut provoquer des brulures, mais la dose doit être très forte.

Bonjour,

Merci pour votre lien et pour votre réponse. Je vais prendre soin de le lire.

Si la dose doit être forte dans ce cas on a des symptômes de suite et conséquents ? Si la dose est plus faible, les effets sont sur le plus longs termes ?

J'avais vu un épisode d'une série policière, bones, où il était question d'un crime sournois, dépôt d'un liquide radioactif sur la chaise de bureau de sa collègue...qui est decedée peu de temps après d'une leucémie fulgurante.

Ce qui confirme bien que c'est une série policière...

Il y avait eu en France le cas d'un ouvrier mécontent qui avait glissé un objet ou une susbstance radioactive sous le siège de la voiture de son patron. J'ignore s'il y a eu décès.

J'ai dernièrement regardé le série "Heros", il y a un personnage radioactif qui émet tellement de rayonnement qu'il fait bouillir un verre d'eau entre ses mains. Les gens sont à coté et le regardent "pépères". Hey bien dans cette série, personne n'a eu de cancer (ni n'a fondu en se transformant en flaque de chair). Donc ce n'est pas un petit peu de liquide sur une chaise qui en cause un ! La leucémie a dû être causée par autre chose !

Par ailleurs, la question porte sur la personne qui a reçu l'iode ou celles qui vivent avec et la côtoie ?

Benjamin14, donc cas pas possible ?

Honnetehomme, dans mes recherches, je suis tombée sur un article sur ce cas. Apparemment le subterfuge a été découvert suite à un accident de voiture. C'est tordu et flippant !
Il disait avoir une fatigue tenace. Que lui serait il arrivé sans cet accident ?

Samael22, j'ai une interrogation et je suis en recherche de renseignements sur la cause de son cancer de la thyroïde ( de type papillaire ) et de plus j'essaie de comprendre comment la radioactivité fonctionne. ( quand je me penche sur une question, j'aime bien apprendre )

Effectivement :

Citation :

1978 - La Hague
"Il était toujours sur mon dos. Pour me venger, j'ai simplement voulu lui créer quelques ennuis de santé." Nous sommes en mai 1979, et Noël Lecomte, qui travaillait à l'atelier de dégainage des combustibles irradiés à l'usine de La Hague, vient d'avouer ce qui constitue dans les annales de la police la première tentative de meurtre radioactif en France et peut être dans le monde. En juin 1978, ce criminel innovateur et avant gardiste dérobait trois «queusots» - bouchons en inox des tubes qui contiennent l'uranium des combustibles - qu'il emballait et déposait sous le siège de l'automobile de son supérieur, Guy Busin. Radioactifs par activation, ces trois bouchons allaient, des mois durant et à son insu, infliger à leur victime la dose assez considérable de 10 rads à l'heure chaque fois qu'il conduisait sa voiture. Guy Busin eut - heureusement... - un accident, en novembre 1978, qui mit le véhicule hors d'usage. Son irradiation fut ainsi interrompue. C'est seulement au printemps suivant que, désireux d'aller récupérer quelques pièces sur l'épave, il découvrit le maléfique colis. Il se souvint alors avoir été victime par le passé de menus sabotages - sucre dans l'essence, acide dans l'huile, etc. - mais fut consterné d'apprendre que son ou ses ennemis avaient pu aller aussi loin dans la malveillance. Il se souvint aussi que depuis plusieurs mois il souffrait d'une grande fatigue générale, attribuée a posteriori à cette irradiation qui aurait pu le tuer sans son accident providentiel.
Par son cadre - le centre de La Hague - et par son objet - démasquer le premier apprenti meurtrier par radioactivité - , l'enquête menée par la police de Cherbourg fut assurément très insolite. Elle devait aboutir à l'arrestation de Noël Lecomte et à son inculpation pour «tentative d'empoisonnement». En effet, le vieux Code Napoléon n'avait évidemment pas plus prévu le meurtre radioactif...

pinaise, 

ok, j'étais à coté de la plaque. Donc si j'ai bien compris : il n'y a pas forcement eu d'exposition à l'iode. Vous vous demandez si son cancer peut venir d'une irradiation ou contamination involontaire ?

Est  ce qu'un contact avec une substance radioactive provoque des brûlures ?
ça dépend de la dose. Si c'est des faibles doses aucune brûlure. Si c'est des grosses doses ça peut aller du coup de soleil à la peau qui pèle jusqu'à la nécrose des tissus.
Mais ça n'est pas instantané. 

"Si la dose doit être forte dans ce cas on a des symptômes de suite et conséquents ? Si la dose est plus faible, les effets sont sur le plus longs termes ?"
C'est exactement ça. Si la dose est faible on n'est même pas sûr qu'il y aura des effets. En cas de dose faible c'est un % de risque de développer cancer/tumeur/cataracte/...

Bonjour,

Honnetehomme merci pour le lien ! C'est angoissant et tordu !

samael22 merci pour tes indications.

En cas de doses faibles mais répétées, il doit bien y avoir des indicateurs comme la numération sanguine ?

En faite, le terme même de "faible dose" sous entend qu'il n'y a pas d'effet déterministe, donc pas d'indicateur physiologique.

Bonjour,

As tu des exemples concrets de faibles doses ?

Faibles doses : en dessous de 100 mSv
Très faibles doses : en dessous de 10 mSv

Limite annuelle légale d'exposition pour le grand public en France, hors médical et rayonnement naturel : 1 mSv
Dose moyenne annuelle médical et naturel inclus : 2.4 mSv

A consulter également http://www.irsn.fr/FR/connaissances/Mediatheque/pages/Detail_Mediatheque_v2.aspx?GuidWeb=120d0c15-69bb-4d20-a35e-93ac36e93e86&GuidList=760fc5a8-67e6-4469-8bc5-926fb09c9c06&GuidItem=3&imgId=b79f11f8-c096-44db-863a-6dacdb8748ad|13&Cible=1

Bonjour,

2.4mSv est l'ancien chiffre. et ne concerne pas l'exposition médicale.
Dose naturelle moyenne en France , hors médical: 2.9mSv

Une très faible dose reçue en une fois et tu accumules 10 années d'un coup ? Et sans symptômes ?

Si par exemple, tu es exposé à une dose de 10 mSv plusieurs heures tous les jours pendant 10 jours ? Tu exploses le compteur ?

Je vais lire ton lien.

La limite annuelle de 1 mSv est une limite légale, qui vise à minimiser au maximum les expositions, mais n'est pas un seuil de dangerosité. On parle bien de dose (exprimée en Sv) et pas de débit de dose (exprimé en Sv/h). La dose est égale au débit de dose moyen multiplié par le temps. Par exemple une exposition à un débit de dose de 1mSv/h pendant 24 heures aboutit à une dose de 24 mSv.

Et si tu exposé 200h, là tu développes des symptômes déterministes ?

Ma peur, mon angoisse est debile mais j'ai peur que dans mon environnement ( suite au cancer thyroïde de type papillaire dans mon cercle familiale) qu'il y est une source radioactive. ( revêtement mur, voiture ?? )

Ce tableau te permettra d'estimer le temps d'atteinte de divers seuils de dose en fonction du débit de dose : http://www.sebastien-billard.fr/tacticool/public/photos/Temps_atteinte_doses_.pdf Comme tu pourra le voir il faut des débits de doses élevés pendant longtemps avant d'arriver à des doses pouvant entrainer de façon sûre des effets délétères même si la prudence impose de maximiser les doses autant que possible.

Par exemple si tu restais assis 24h/24 sans bouger à 400m du réacteur accidenté de Chernobyl (débit d'environ 4µSv/h) il te faudrait rester sur place 1041 jours pour atteindre la dose de 100 mSv.